lundi 25 juillet 2011

Pensée du jour, VIII

Contrairement à ce que l’on croit habituellement, c’est la créature d’élite et non la masse qui vit « essentiellement » dans la servitude. Sa vie lui paraît sans but s’il ne la consacre au service de quelques obligations supérieures. Aussi la nécessité de servir ne lui apparaît pas comme une oppression, mais au contraire, lorsque cette nécessité lui fait défaut, il se sent inquiet, et invente de nouvelles règles plus difficiles, plus exigeantes, qui l’oppriment. Telle est la vie-discipline, la vie noble. La noblesse se définit par l’exigence, par les obligations, non par les droits. Noblesse oblige.
Vivre à son gré est plébéien ; le noble aspire à l’ordre et à la loi (Goethe)
Les privilèges de la noblesse ne sont pas, à l’origine tout du moins, des concessions ou des faveurs, mais des conquêtes. Et, en principe, leur maintien suppose que le privilégié devrait être capable de les reconquérir à tout instant, si cela était nécessaire, ou si quelqu’un les lui disputait.
José Ortega y Gasset, La révolte des masses (1929)