dimanche 4 décembre 2011

Partir en exil sur une île déserte

Parfois, on se prend à rêver d'une vie sauvage, loin du bruit et des tracas de la vie quotidienne. C'est alors que je me suis mis à la recherche des derniers ailleurs, totalement dépourvus ou presque de présence humaine. Aux confins de l'hémisphère sud, baignée dans les eaux froides de l'océan Austral, la Géorgie du Sud pourrait être le lieu idéal pour qui veut s'isoler, à l'instar des îles Auckland, proches de la Nouvelle-Zélande et déjà plus hospitalières. À la réflexion, s'il s'agit de faire de ce rêve une réalité, certaines îles des Açores, comme l'île du Corbeau, sont déjà plus intéressantes : elle sont plus accessibles et surtout parfaitement habitables.

Outre les Açores, qui sont un pis-aller puisque habitées, il existe une solution plus satisfaisante encore - mais plus onéreuse - pour qui veut se retrouver seul au milieu de l'océan. Comme Tom Hanks dans Seul au monde, mais certainement avec plus de confort, vous pouvez devenir propriétaire d'un petit bout de terre perdu au milieu de nulle part. Sur la Toile, les vendeurs d'îles privées abondent, à l'exemple de Private Islands Online ou de Vladi, qui proposent un véritable catalogue d'îles désertes, situées sur tous les continents. D'autres sites, comme The Private Islands Blog, prodiguent des conseils et des informations pour tout intéressé.

vendredi 5 août 2011

Platon sur l'amour, l'identité et l'immortalité

En effet, même dans ce que l'on appelle la vie individuelle de chaque vivant et dans son identité (c'est ainsi que, depuis sa petite enfance jusqu'à ce qu'il soit devenu vieux, on dit qu'il est la même personne), oui, cet être-là, quoi qu'en lui il n'ait jamais les mêmes choses, on l'appelle néanmoins le même, et cependant, tout en faisant des pertes, il se renouvelle incessamment, dans sa chevelure, dans sa chair, dans ses os, dans son sang et, d'une façon générale, dans tout son corps. Et ce n'est pas seulement dans son corps, mais ce sont aussi, selon l'âme, ses manières d'être, son caractère, ses opinions, ses désirs, ses joies et ses peines, ses craintes, c'est chacun de ces éléments qui, pour chacun de nous, ne se présente jamais identique à ce qu'il était ; il y en a, au contraire, qui viennent à l'existence ; il y en a d'autres qui se perdent.

Or, ce qu'il y a de plus déconcertant encore que tout cela, c'est que, même en ce qui concerne les connaissances, non seulement il y en ait qui viennent pour nous à l'existence, et d'autres qui se perdent, et que nous ne soyons jamais non plus les mêmes dans l'ordre de nos connaissances, mais c'est aussi que chacune des connaissances subit elle-même un sort identique ! Ce qu'on appelle en effet étudier implique une évasion de la connaissance ; car l'oubli, c'est une connaissance qui s'évade, tandis qu'inversement l'étude, remplaçant la connaissance qui s'en va par un souvenir tout neuf, sauvegarde si bien la connaissance qu'on la juge être la même !

C'est de cette façon, sache-le, qu'est sauvegardé tout ce qui est mortel ; non point, comme ce qui est divin, par l'identité absolue d'une existence éternelle, mais par le fait que ce qui s'en va, miné par son ancienneté, laisse après lui autre chose, du nouveau qui est pareil à ce qu'il était. C'est par ce moyen, dit-elle, que ce qui est mortel, Socrate, participe à l'immortalité, dans son corps et dans tout le reste. [...] Donc, ne t'émerveille pas que ce qui est une repousse de lui-même, chaque être ait pour lui tant de sollicitude naturelle, car c'est en vue de l'immortalité que font cortège à chacun d'eux ce zèle et cet amour !
Platon, Le Banquet

lundi 25 juillet 2011

Pensée du jour, VIII

Contrairement à ce que l’on croit habituellement, c’est la créature d’élite et non la masse qui vit « essentiellement » dans la servitude. Sa vie lui paraît sans but s’il ne la consacre au service de quelques obligations supérieures. Aussi la nécessité de servir ne lui apparaît pas comme une oppression, mais au contraire, lorsque cette nécessité lui fait défaut, il se sent inquiet, et invente de nouvelles règles plus difficiles, plus exigeantes, qui l’oppriment. Telle est la vie-discipline, la vie noble. La noblesse se définit par l’exigence, par les obligations, non par les droits. Noblesse oblige.
Vivre à son gré est plébéien ; le noble aspire à l’ordre et à la loi (Goethe)
Les privilèges de la noblesse ne sont pas, à l’origine tout du moins, des concessions ou des faveurs, mais des conquêtes. Et, en principe, leur maintien suppose que le privilégié devrait être capable de les reconquérir à tout instant, si cela était nécessaire, ou si quelqu’un les lui disputait.
José Ortega y Gasset, La révolte des masses (1929)

mercredi 13 avril 2011

Pensée du jour, VII

Cette fondation fut le dernier symbole auquel condescendirent les Immortels ; il marque l'étape, où, comprenant la vanité de toute entreprise, ils décidèrent de vivre dans la pensée, dans la pure spéculation. Ils élevèrent la construction, l'oublièrent et allèrent se terrer dans les crevasses. Absorbés, ils percevaient à peine le monde physique.
Jorge Luis Borges, L'immortel